Professionnaliser l’économie solidaire

Si proches et si lointaines. Ce ne sont pas seulement les montagnes qui départagent les Hautes-Alpes du Piémont turinois. Mais deux façons de pratiquer l’économie sociale et solidaire. 18 salariés et bénévoles (administrateurs, directeurs, encadrants, coordinateurs) issus de sept structures françaises d’insertion par l’activité économique en ont fait l’expérience positive, en s’immergeant dans une collectivité et des coopératives sociales de la région de Cuneo. « Malgré notre proximité géographique nous ne connaissions le modèle de ces coopératives qu’en surface, indique Myriam Jamal, directrice du Collectif des actions d’utilité sociale des Hautes-Alpes. D’où le lancement, en 2015, du projet Epicoopi, destiné à faire de l’échange de pratiques et d’idées sur tout ce qui touche à l’insertion des personnes éloignées de l’emploi ».

 

Titre du projet : Epicoopi
Nom du porteur de projet : Collectif des actions d'utilité sociale
Type de projet Erasmus + : Projet de mobilité - Education des adultes
Durée du projet : 12 mois – juin 2015 - juin 2016
Subventions européennes : 16.400 €
Partenaires : France (Collectif des actions d’utilité sociale des Hautes-Alpes), Italie (Consorzio Monviso Solidale et collectivité locale de Cuneo)

Vers une économie plus efficace

Le projet Epicoopi a permis de découvrir le fonctionnement des coopératives italiennes qui allient accueil des personnes « fragiles » et efficacité économique. Alors qu’en France, les structures d’insertion par l’activité économique constituent seulement une étape dans l’évolution professionnelle des personnes aidées, avec des embauches en contrat à durée déterminée, en Italie, les structures d’économie sociale et solidaires emploient les personnes à durée indéterminée.

Autre différence : les coopératives italiennes incluent plus de personnes en situation de handicap. « Dans l’économie sociale et solidaire, la mobilité est rare. C’est une chance de sortir du quotidien et de changer de posture. Le projet a donné du recul aux participants sur leurs pratiques et leur manière d’aborder l’évolution de leur structure. Pour tous, cette expérience constitue une ouverture personnelle et professionnelle qui conforte leur envie de se former en dépassant le cadre quotidien du travail ».

En s’inspirant des organisations observées, Epicoopi a débouché sur la création d’emplois pérennes et sur la professionnalisation des salariés. Autre nouveauté insufflée par le projet : mixer davantage les publics protégés (personnes en situation de handicap, demandeurs d’emploi longue durée…) avec des salariés aux parcours plus classiques pour apporter une culture focalisée sur le service client et l’efficacité.

Mieux travailler avec les acteurs locaux

L’un des autres objectifs des mobilités était de comprendre l’articulation entre la politique sociale de la collectivité de Cuneo et son partenariat avec les coopératives sociales.

En franchissant les Alpes, les Français ont renforcé leurs connaissances sur l’insertion et les réformes réglementaires, et observé une organisation état-collectivités-acteurs sociaux différente mais non moins efficace. Pour eux, une source d’inspiration.

Ce qu'elle a vécu

Sylvie Ollagnier, Directrice d’une ressourcerie à Gap

« J’ai effectué les deux séjours d’immersion. L’exemple italien nous a incités à accueillir plus de travailleurs handicapés. Nous en sommes à 9 % de notre effectif. Nous avons aussi amélioré la valorisation de nos déchets, et sommes passés en un an de 70 % à 98 % de matières recyclées.

 

J’ai partagé mes retours d’expérience au travers du réseau national « Chantier école» et des Journées nationales de l’insertion. Je suis aussi en train de constituer des partenariats avec des ressourceries en Espagne et en Allemagne, intéressées par notre façon d’accompagner les personnes en réinsertion»