Les bons contes font les bons amis

Né de la rencontre de cinq doctorantes en psychologie originaires d’Argentine, du Brésil, du Cambodge, de Hongrie et du Mali, l’association Élan interculturel facilite la communication entre des personnes d’origines différentes. Son projet « Aladdin, intégration par le conte » forme des retraités bénévoles à l’animation d’ateliers de contes destinés à enseigner de manière ludique les bases de la langue nationale aux migrants et aux nouveaux arrivants.

 

Titre du projet : Aladdin, intégration par le conte
Nom du porteur de projet : Association Elan interculturel
Type de projet Erasmus + : Projet de partenariat - Education des adultes
Durée du projet : 24 mois – septembre 2015 - août 2017
Subventions européennes : 279.800€
Partenaires : Espagne (Associació d’estudis dels medis actuals), France (Élan interculturel), Hongrie (Képes Alapítvány), Pays-Bas (Storytelling centre), Royaume-Uni (Superact)

Cinq expertises, une ambition

Chaque association partenaire a apporté son expertise sur un champ particulier : le développement relationnel des jeunes adultes exclus pour la Hongrie ; les méthodes narratives pour le Royaume-Uni et les Pays-Bas ; le bénévolat des seniors pour l’Espagne ; l’interculturalité pour la France. « En début de projet, nous avons cartographié les compétences de chacun et distribué les rôles », précise Cécile Stola, cofondatrice d’Élan interculturel.

L’idée du projet était que chacun puisse s’approprier les outils produits pour adapter la méthode du conte à ses publics et leurs problématiques. Par exemple, au Royaume- Uni et aux Pays-Bas, le travail narratif impliquait des jeunes adultes désorientés d’un point de vue projet professionnel. « Nos partenaires ont appliqué la même méthode du conte mais en la focalisant sur le développement de l’esprit d’initiative et d’entreprise », poursuit Cécile Stola. En Hongrie, ce sont les jeunes sans projets et en manque de liens qui étaient au coeur du projet. La médiation par le conte visait cette fois à valoriser leurs compétences sociales et à stimuler leur motivation.

Le bonheur des uns fait le bonheur des autres

En France, ce sont dix retraités qui ont été formés en 2016 à la méthode du conte pour intervenir auprès d’une quarantaine de jeunes migrants. « Les jeunes migrants sont très demandeurs de nouvelles sessions et les ateliers les aident à s’exprimer en public, ce qui est très important pour leurs démarches administratives par exemple », précise Cécile Stola. Pendant les ateliers, chacun est invité à partager sonexpérience de vie et ses valeurs ; peu à peu, la perception des différences s’estompe. Pour inspirer l’écriture d’histoires, les bénévoles recourent aux stimulations sensorielles (odorat, toucher, ouïe) ou au karaoké ; ils font appel aux souvenirs des jeunes ou à leur vécu.

Le projet Aladdin repose sur une démarche intergénérationnelle. Les jeunes migrants apprennent la langue et les codes culturels du pays d’accueil. En contrepartie, les séniors sortent de leur isolement et valorisent leurs compétences. « Ces ateliers ont permis aux jeunes, aux seniors et aux associations partenaires de développer leurs aptitudes et leurs réseaux », explique Cécile Stola.

Ce qu'elle a vécu

Françoise Crèpet, 70 ans, Formatrice retraitée, vit à Paris

« Je ne voulais pas enseigner le français de façon traditionnelle. Avec une dizaine d’autres bénévoles, nous avons suivi une formation fondée sur la narration et les cinq sens… Depuis, j’ai animé deux stages, rassemblant au total plus de vingt jeunes originaires d’Afghanistan, d’Algérie, du Bangladesh, du Brésil, d’Italie, de Roumanie… Ces jeunes ont peu de liens avec des Français en dehors de leurs structures d’accueil. Les stages de conte réactivent le lien avec leur propre famille et leur donnent de la force. Ils apprennent à nommer les choses et à les écrire en français, à travers des histoires qui évoquent leur parcours de vie. »