Former les migrants aux compétences inclusives
À leur arrivée en Europe, les migrants font face à de multiples obstacles : difficultés financières, problèmes de santé, ignorance de la langue et des codes culturels, absence de compétences formelles ou difficultés à les faire connaître...
Insup Formation s’est associé à quatre autres partenaires européens issus de pays disposant d’une frontière sur la Méditerranée. Objectifs : créer un référentiel des compétences nécessaires à l’inclusion des personnes migrantes et concevoir des modules de formation destinés à développer ces compétences.
Titre du projet : Dime
Nom du porteur de projet : Insup Formation
Type de projet Erasmus + : Projet de partenariat - Education des adultes
Durée du projet : 36 mois – septembre 2015 - septembre 2018
Subventions européennes : 280.000 €
Partenaires : Espagne (Universités de Huelva et de Jaén), France (Insup et Aifrisss), Grèce (Ksdeo), Italie (Ciosf)
Des compétences clefs pour l’inclusion des migrants
Dans un premier temps, il a fallu faire un état des lieux de l’existant : analyser les politiques d’accueil et d’inclusion des migrants ; étudier les pratiques de formation existantes ; repérer les bonnes pratiques et identifier les obstacles rencontrés par les formations dispensées. Cette première phase d’analyse et d’observation a impliqué plus de 200 organisations et experts des quatre pays.
Les partenaires ont ensuite répertorié les compétences que les personnes migrantes doivent absolument maîtriser pour s’intégrer socialement et professionnellement dans leur pays d’accueil. « En France, l’intégration est centrée sur la formation aux compétences formelles, notamment linguistiques, dont les bénéfices sont rapidement perdus, en raison de l’isolement des migrants et de leur manque de pratique. L’idée était donc de ne pas se focaliser uniquement sur les compétences formelles et d’élargir les formations aux compétences favorisant l’accès aux droits et à l’emploi, c’est-à-dire aux compétences dites informelles », détaille Marianne Sirmen, coordinatrice du projet DIME. Le référentiel construit comporte donc cinq blocs de compétences : linguistiques, sociales et civiques, socioprofessionnelles et entrepreneuriales, interculturelles, scientifiques et numériques.
Articulation des acteurs accompagnant les migrants
Dans un second temps, le référentiel a été décliné en modules de formation qui ont été testés par une trentaine de formateurs et une centaine de migrants issus des quatre pays impliqués. Cette phase de test a mobilisé les structures publiques et les associations travaillant dans l’accompagnement des migrants. En plus de renforcer les liens qu’entretenaient les partenaires du projet avec elles, cette phase leur a permis d’être identifiés et reconnus comme des acteurs clefs de la formation des migrants.
En 2018, le référentiel et les modules de formation seront en accès libre sur Internet et pourront servir à tous les professionnels et bénévoles d’Europe qui participent à l’inclusion des migrants.
Ce qu'il a vécu
Bachar Aboud, 43 ans, réfugié syrien, vit en France depuis 2014. Ancien journaliste, il s’est impliqué dans le projet DIME.
« Les parents réfugiés sont dans un état d’anxiété et d’isolement tandis que leurs enfants marchent rapidement dans la vie nouvelle. Nous constatons un écart grandissant notamment à cause de la langue. Quand un réfugié a obtenu ses papiers, il a 150 heures obligatoires pour apprendre la langue et deux heures pour apprendre l’histoire et les valeurs du nouveau pays. Est-ce suffisant ? Devenir bénévole a été pour moi une excellente façon de mieux m’intégrer. Le bénévolat a des effets rapides et efficaces. Il donne un grand coup de pouce, de l’énergie spirituelle. En tant que réfugié, j’ai pu apporter quelque chose et me sentir utile. »