L’écriture créative au service de l’inclusion
En 2014, l’association St-Clémentin LitFest ouvre, à travers son projet European Litfest, ses ateliers d’écriture aux personnes en situation d’illettrisme, d’isolement ou d’exclusion. L’idée du projet est de créer une méthode d’apprentissage ludique basée sur l’écriture.
Titre du projet : European LitFest
Nom du porteur de projet : Association St-Clémentin LitFest
Type de projet Erasmus + : Projet de partenariat - Education des adultes
Durée du projet : 24 mois – septembre 2015 - septembre 2016
Subventions européennes : 59.900 €
Partenaires : Espagne (Transformas, Institut de Museus de Reus), France (Lieux fictifs, Institut national de l’audiovisuel), Italie (Coopérative e.s.t.i.a, Fo dazione Cineteca Italiana), Norvège (Westerdals School of Arts), Slovaquie (PhotoArt Centrum)
Les ateliers d’écriture comme une main tendue
La spécialisation de chaque association partenaire a enrichi la méthode mise au point : l’aide aux sans domicile fixe pour l’ONG britannique ; l’aide aux personnes isolées pour les associations espagnole et italienne. « Chaque association avait déjà créé un festival littéraire. Notre enjeu commun consistait à ouvrir ces manifestations à des personnes exclues, via des ateliers d’écriture adaptés », témoigne Maureen Walby, bénévole au sein de l’association St-Clémentin LitFest.
Après avoir posé les bases d’une méthode d’intégration s’appuyant sur la lecture et l’écriture, et après avoir observé les ateliers littéraires organisés par le partenaire italien à l’attention de personnes exclues, les associations impliquées dans le projet ont organisé, chez le partenaire espagnol, des ateliers d’écriture. Impliquant une douzaine d’écrivains bénévoles et une centaine d’apprenants, l’objectif de ces ateliers était de tester et de parfaire la méthode imaginée. « Cette méthode insiste sur le fait d’établir un lien personnel avec chacun, d’où le recours au plus grand nombre possible d’écrivains pour animer les ateliers. Les apprenants participants se sentent ainsi soutenus, encouragés et valorisés, ce dont ils n’ont pas l’habitude », explique Maureen Walby.
Le format de l’atelier permet en effet à chaque participant de se sentir valorisé. Les animateurs bénévoles s’appuient sur les expériences et les capacités de chacun (narration, écriture, dessin, peinture). L’émulation collective incite ainsi les apprenants à se dépasser et à viser de nouveaux objectifs d’apprentissage.
Les mots passent à l’action
En France, douze apprenantes, réunies dans le collectif « Entr’elles », ont écrit et illustré un conte pour enfants, qu’elles ont ensuite présenté devant plus de 150 personnes lors d’un séminaire au Royaume-Uni. Elles ont tiré confiance et fierté de cette expérience inédite, commente Maureen Walby : « La rencontre entre les écrivains bénévoles et les personnes marginalisées ou fragilisées donne du sens à la démarche. Non seulement l’écriture développe chez les apprenants des compétences de base, mais elle les pousse aussi à prendre part à des événements, à s’intégrer pleinement dans la société ».
L’impact du projet se manifeste à la fois dans le lien à soi (retrouver une confiance en soi et une dignité) et dans le lien aux autres (éprouver du plaisir à être en groupe, rechercher un emploi, effectuer des démarches administratives). En France, European LitFest a déjà bénéficié à plus de deux cents adultes illettrés ; la méthode qui vise à être reprise par d’autres associations doit encore pouvoir aider bien d’autres personnes.
Ce qu'ils ont vécu
Témoignages de bénéficiaires du collectif « Entr’elles »
« L’écriture du conte et les séances nécessaires à sa réalisation nous ont énormément apporté. Les mots, parfois nouveaux pour certaines d’entre nous, ont été affinés, expliqués. Nous avons appris à maîtriser l’orthographe et la bonne rédaction. Cela nous forme et nous donne plus d’assurance pour écrire une lettre. Le plaisir ressenti au fur et à mesure de l’avancée du projet était immense ! Nous avons retrouvé confiance en nous, vaincu notre timidité et développé de nouvelles compétences. »
« Je suis plus confiante dans mes possibilités et j’assume mieux mes entretiens de recherche d’emploi. Fin 2016, je suis entrée en formation pour huit mois, après des tests positifs ».